Nepal faces Covid-19

participants making organic manure
  • Nombre de cas de Covid-19 recensés : 2634 (334 nouveaux cas depuis la veille)
  • Nombre de personnes décédées du Covid-19 enregistrées : 10
  • Nombre de personnes guéries : 246

 

Le confinement au Népal a commencé le 24 mars 2020 et se poursuit jusqu'au 14 juin 2020 avec une très probable prolongation. Initialement, la période de confinement était d'une semaine en mars, et semaine après semaine, elle a été prolongée et la vie est devenue difficile pour de nombreux Népalais. Avec l’augmentation du nombre de tests, le nombre de personnes infectées a beaucoup augmenté au cours des derniers jours. Ce nombre est susceptible de croître de façon exponentielle car les risques de transmission sont élevés avec les migrants qui rentrent chez eux, le manque de compréhension des mesures de distance sociale et des autres pratiques d'hygiène. En outre, même si la population dans son ensemble comprend l'intérêt de suivre les directives, se laver les mains avec du savon et se couvrir le visage avec des masques de bonne qualité est loin d’être aussi facile pour la plupart des népalais.

Les vols sont suspendus jusqu'au 30 juin 2020. Les frontières avec l'Inde et la Chine sont fermées jusqu'à nouvel ordre. Cependant, de nombreux népalais essaient de revenir au Népal par la frontière avec l’Inde et la plupart des cas positifs se trouvent dans provinces frontalières (provinces 1, 2 et 5 qui représentent à elles seules 2057 cas).

Les entreprises peuvent ouvrir pour la production et la vente de produits agricoles et alimentaires, et de médicaments. Les services bancaires de base restent ouverts mais fonctionnent de façon ralentie.

 

Santé

Le gouvernement a établi des centres de quarantaine dans tout le pays mais les médias rapportent que la plupart des centres sont mal gérés à cause du manque de connaissance de la maladie. Dans les villages reculés, la population craint l’arrivée de l’épidémie car l’accès aux soins sera difficile : "I am concerned about the health of the people in my village and also the health facilities because our village still do not have public transportation and if the pandemic hits our village, it will be scary because we do not have a health post in the village" - Pasmai Syangbo, 15, Golche, Sindhupalchowk.

Le confinement rend également difficile l’accès à d’autres soins de santé : “Half a dozen of our trainees (current and former) are pregnant. They are facing difficulties with routine check-ups. Sometimes, the hospitals are demotivating patients to enter to the hospital due to Covid-19” – Shalik Ram Sharma, DIRDC, Baglung.

De nombreux partenaires rapportent que le confinement a un effet négatif sur la santé mentale de la population, qui vit difficilement l’isolement et la crainte de la propagation du virus : « The town used to be so cheerful, but now it is all silent. People are not meeting their friends and relatives because they fear the virus” – Kishan Tamang, reintegrated boy from Umbrella Organization Nepal.

 

Ecoles

Le ministère de l'Éducation, des Sciences et de la Technologie a donné pour instructions aux établissements d'enseignement de ne pas annoncer d'admission pour quelque niveau que ce soit jusqu'à nouvel ordre : "This uncertainty has made me think whether or not I will be allowed to join the school because my family's financial situation is poor and I might have to begin job searching to support them" - Sita Biswokarma, 17, Sindhupalchowk.

Les examens de fin d’année qui devaient se tenir fin mars/début avril ont également été reportés : « Due to this lockdown, our board exam has been postponed and we don’t know when it will happen. We are very upset about it” – Nisha, NSEP graduate, Kathmandu.

« We are in the process of launching our computer courses online soon. However, as it has been a little challenging because of unavailability and slow speed of internet/WIFI’s services in some parts of Nepal; we have been supporting with the mobile Internet data to those having no Internet at home” - Dinesh Chaudhari, Umbrella Organization Nepal, Kathmandu. De nombreuses initiatives sont lancées pour permettre l’apprentissage virtuel à la maison, mais ceci n’est pas réalisable dans les villages plus reculés où les professeurs ne sont pas à l’aise avec la technologie et où les étudiants n’ont pas accès à un écran et à une connexion Internet suffisante. Cette situation, si elle perdure, pourrait renforcer les écarts déjà existants dans l’accès à l’éducation.

 

Travailleurs migrants

Étant donné que l'économie mondiale est gravement touchée par la crise, de nombreux népalais employés à l'étranger sont en attente pour rentrer chez eux dès que possible. Selon le Foreign Employment Board, 127 000 travailleurs migrants sont actuellement en attente de rentrer au Népal après avoir perdu leur emploi, et ils estiment qu’avec la crise jusqu’à 407 000 népalais travaillant à l’étranger pourraient revenir sur le marché de l’emploi national en fin de compte.

Ce retour de travailleurs de l’étranger amène des craintes à deux niveaux. Au niveau sanitaire, les autorités et la population craignent que certains travailleurs migrants reviennent de l’étranger après avoir été infectés par le Covid-19, risquant de contaminer d’autres personnes sur le sol népalais. Selon les statistiques, certains travailleurs sont également porteurs d’autres maladies contractées à l’étranger, ce qui pourrait entraîner une recrudescence de virus tels que le VIH au Népal.

Au niveau économique, le Népal est extrêmement dépendant des envois de fonds reçus de l'étranger, qui représentaient en 2017 28% du PIB. Une étude récente a estimé que la baisse de volume des transferts de fonds devrait se situer entre 15 et 20% au cours de l’exercice fiscal 2019-2020.

 

Emploi

La pandémie a durement touché les personnes à faibles revenus, en particulier les travailleurs informels des secteurs de l'hôtellerie, du commerce de détail, de la construction et des transports qui ont un accès limité ou inexistant aux mécanismes de sécurité sociale. « Before the lockdown I used to cook in a restaurant after college to help cover for my living fees. Now the restaurant is closed, and it is getting hard for us to manage our money. Fortunately, we are supported by Umbrella in this situation” – Laxmi, NSEP graduate, Kathmandu.

Les petites et moyennes entreprises sont quant à elles très fortement touchées : « More than 80% of our former students were engaged either in self businesses or salaried jobs or foreign employment. The livelihood of their families is depending on them. Due to the Covid-19, the income is disturbed and it created a big challenge for the survival of people as well as of their business entities” – Shalik Ram Sharma, DIRDC, Baglung.

Avec l’augmentation du nombre de personnes ayant perdu leur emploi, le retour de travailleurs migrants et les 500 000 personnes qui entrent chaque année sur le marché du travail du pays, le Népal a grandement besoin de créer des opportunités d’emploi locaux pour cette main d’œuvre avec divers niveaux de qualifications.

La Task Force mise en place par le gouvernement népalais pour gérer la crise économique a émis un certain nombre de recommandations pour relancer l’économie après la crise. Selon les experts le plus grand nombre d'emplois pourrait être créé dans le cadre de vastes programmes de travail indépendant basés sur l'agriculture. De plus, ils recommandent d’investir dans des instituts de formation bien équipés pour des métiers qui correspondent aux besoins du marché, afin de créer une hausse de l’emploi national.

 

Souveraineté alimentaire

La perte soudaine et à grande échelle de travail pour les népalais exerçant des emplois précaires à revenus journaliers et peu élevés a poussé une masse de travailleurs migrants internes à rentrer des villes vers les villages. Ceci leur permet de survivre en aidant leurs familles dans leurs exploitations agricoles, au lieu de rester en ville où ils seraient rapidement tombés dans la pauvreté extrême. Au niveau de la souveraineté alimentaire, les personnes vivant en ville sont plus affectées que dans les villages. « The food supplies has been slowly a problem in the cities but it has not been a problem in village areas. The people in the cities do not keep food stock as they earn and buy in short time periods whereas people in village areas have good stock even for a year as they grow themselves. So, the lockdown has not much affected in the villages areas. So far, there is probability of shortage of those materials that need to be imported from another cities” – Shyam Lama, Umbrella Organisation Nepal, Katmandou.

 

Tourisme

Les hôtels sont fermés jusqu'à la mi-octobre de cette année, en raison de l'impact du Covid-19 sur l'industrie touristique du pays. Compte tenu des restrictions sur les voyages internationaux et de la crise économique dans le monde, les recettes touristiques au Népal devraient diminuer de 60% en 2020, entraînant une perte de recettes en devises étrangères de 400 millions de dollars[1].

 

En conclusion, il est actuellement encore difficile de déterminer l’impact socio-économique que la pandémie de Covid-19 aura sur le Népal, qui dépendra de la façon dont les événements se déroulent sur trois fronts :

  • La situation du tourisme, du commerce et de l'emploi à l'étranger, et leur conséquence sur le marché de l’emploi local et sur les revenus nationaux ;
  • La propagation de la pandémie qui pourrait submerger l’infrastructure sanitaire ;
  • La forte dépendance géo-économique du Népal à l’égard de l’Inde et de la Chine et le risque de contagion originaire de ces pays.

Au milieu de ces incertitudes, nos partenaires continuent d’être optimistes afin de servir au mieux les communautés avec lesquelles ils travaillent : « The fear of uncertainty still exists, the cure for the virus seems farfetched and epidemic being contained seems impossible. Amidst all those uncertainties, we are busy with regular work in the bottle house. The production is expected to be good this year due to good rain. Overall, we are trying our best to be engaged and productive. Our students have been holding their hopes for better future and spending time learning and doing things they like. There is no doubt this period can be used creatively to fetch a long-term benefit in coming days.” – Niroj Shrestha, SCLC, Pharping.

 

Julie Denève, le 5 juin 2020

 

[1] ‘Rapid Assessment of Socio-Economic Impact of Covid-19 in Nepal’ - Institute for Integrated Development Studies (IIDS)